& les Chroniques
Express
Garbage
"Let All That We Imagine Be the Light"

"Let All That We Imagine Be the Light"
DATES | Sorti le 30/05/2025 | Publié le jeudi 11 septembre 2025
ET ALORS | Cela fait trente ans que nous écoutons inlassablement les disques de Garbage, véritable trait d'union entre les productions calibrées pour les radios et celles que nous estimons plus volontiers enregistrées rien que pour nous. Trente ans que l'idée de départ de Butch Vig, Duke Erikson et Steve Marker, à savoir mettre les lois de la science du remix au service de leurs compositions, a sublimé les chansons du groupe. Quant à Shirley Manson, elle n'a jamais cessé de jurer tout son saoul. S’il y a eu une constante, c’est bien cette aptitude à composer des chansons d’une modernité insolente, en offrant à chacune une super production ridiculisant les standards actuels. Cet album est une fois encore une collection de chansons parfaites et fières de l’être, à la croisée des chemins de l'électro et du rock, s'ouvrant par le single "There's No Future In Optimism" et passant par les torturés "Hold" et "Have We Met (The Void)", avant de faire une pause sous le lumineux et très électronique "Sisyphus". Sans tabou, et à l’évidence inspiré par la récente opération de sa chanteuse, le disque se termine par une ode à un célèbre antidouleur. Notons que sur "Get Out My Face Aka Bad Kitty", les Américains se permettent un riff de basse que n’aurait pas renié Peter Hook. À l’heure où le groupe suggère que sa tournée actuelle pourrait être la dernière, si cet album doit également être le dernier, nous sommes admiratifs devant une telle élégance et une telle sincérité.

White Canyon and The 5th Dimension
"Spectral Illusion"

"Spectral Illusion"
[Necio]
par Bertrand Hamonou
DATES | Sorti le 2 avril 2021 | Publié le vendredi 6 août 2021
ET ALORS | Inutile d’y aller par quatre chemins : "Spectral Illusion", le très addictif second album de White Canyon and The 5th Dimension est un authentique album de guitares, tour à tour domptées et douces, puis sauvages et rugueuses, qui serpentent sur le sinueux chemin du rock psychédélique et du post punk minimal que le groupe s’est choisi. C’est un album qui se faufile entre mystère et mystique, qui parle de légendes et de l’au-delà, de fantômes, de spectres et de serpent qui se mord la queue, et dont la pochette illustre à merveille le propos. Dans cette brume orchestrée par les guitares nerveuses et les cymbales d’une batterie bestiale, l’on croit reconnaître la voix de Jim Reid sur une obscure face B compilée sur le "Barbed Wire Kissed" de The Jesus and Mary Chain. Mais "Spectral Illusion" sait être autre chose de plus sournois, de plus inquiétant et de plus perçant aussi, grâce à cette rythmique qui semble se caler sur le souffle court d’un animal nocturne en chasse, comme sur le magnifique "Endless Sea" de neuf minutes. Organique, impulsive et instinctive, telle est la musique de ce duo brésilien mixte extrêmement discret mais diablement efficace, capables de produire un disque surprenant, si mystérieux, lancinant et enivrant.

Deserta
"Black Aura My Sun"

"Black Aura My Sun"
DATES | Sorti le 17 janvier 2020 | Publié le jeudi 30 janvier 2020
ET ALORS | À dire vrai, nous ne l’avons pas découvert par hasard mais nous attendions bel et bien ce mystérieux "Black Aura My Sun" depuis qu’un titre nous avait mis sur sa piste à la fin de l’automne. La bio nous apprends aujourd'hui qu'il s’agit du tout premier album du nouveau projet shoegaze/dream pop de Matthew Doty, entre autres multi-instrumentiste au sein de Saxon Shore, dont les productions donnent plutôt dans le post rock. Et c’est en solo que le musicien a choisi d’emmener Deserta vers des contrées que nous connaissons bien, armé de mélodies ouatées, d’un chant murmuré, accompagné d’une boîte à rythmes volontairement typée aux motifs peu compliqués. Et c’est dans l’habillage sonore que tout va se jouer, puisque l’on croise au gré des chansons les guitares des Cocteau Twins, les tempêtes shoegaze de Slowdive ainsi que le "Saturdays = Youth" de M83 pour quelques titres, le tout dissimulé derrière les trouvailles de l’Américain. Et des trouvailles il y en a, comme ce riff de guitare un rien sadique sur "Hide" qui rappelle la roulette du dentiste. L’année démarre à peine que nous avons déjà un classique de 2020 entre les oreilles, à écouter sans aucune retenue d’autant que le disque comporte seulement sept titres.









